FICHE III-19. David OLERE, l'oeil de l'abomination

Publié le 30 Juillet 2009

David OLERE,

  l'oeil de l'abomination

 

 

 

Né à Varsovie en 1902 dans une famille juive, David Oler poursuit des études artistiques à Danzig puis à Berlin. Après la Première Guerre Mondiale, il s'installe à Paris où il fréquente les milieux cinématographiques et devient décorateur ; il réalise aussi des affiches , notamment pour le film Les Misérables de Raymond Bernard (1933). Francisant son nom en « Olère », il obtient la nationalité française en 1937, qui lui est retiré par les décrets antisémites de Vichy. La police française l'arrête en février 1943 à l'occasion d'une rafle menée en Seine et Oise; il est interné à Drancy, puis déporté à Auschwitz.le 2 mars suivant.

 

 

Versé dans un Sonderkommando , Olère se trouve plongé au coeur même de l'abomination nazie. Il échappe miraculeusement à la liquidation régulière de ces équipes affectées au fonctionnement des Krematorien – les responsables du centre de mise à mort ne voulant laisser aucun témoin de leurs assassinats industriels. En janvier 1945, au moment de l'évacuation de Birkenau, quelques jours avant l'arrivée de l'Armée Rouge, il est entrainé dans les terribles marches de la mort qui le conduisent à Mauthausen, où il est libéré par les Américains.

 

De retour à Paris, afin que chacun sache, l'artiste décide de témoigner par le dessin et la peinture de l'Indicible. De mémoire, il révèle en une cinquantaine d'oeuvres l'Horreur absolue de Birkenau: les souffrances quotidiennes des déportés, les tortures infligées par les SS, les exécutions, les pseudo-expériences médicales, et, surtout, il jette le spectateur au coeur du Krematorium dont il a retenu le moindre détail: les victimes dénudées entassées dans la salle de déshabillage, conscientes de leur sort et pétrifiées de terreur, les cadavres enchevêtrés de la chambre à gaz, leur profanation (arrachage des prothèses dentaires), leur acheminement vers les fours crématoires, leur destruction. Montrer le plus fidèlement possible ce qu'il a vu et vécu, sans la moindre préoccupation esthétique qui déformerait la vérité.

 

L'oeuvre de David Olère constitue en quelque sorte le pendant graphique des témoignages écrits des membres des Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau. Sa valeur est inestimable puisqu'il s'agit des seules représentations visuelles de l'ultime étape de la « Solution finale ». Les travaux postérieurs des historiens de la Shoah ont confirmé sans la moindre hésitation la véracité de ses informations , au grand désespoir des négationnistes... Elle a été éditée par Sege Klarsfeld en 1989 (David Olère. L'Oeil du Témoin)

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Pascal Sabourin

Publié dans #Série III - Dire l'Indicible

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Bonjour.<br /> Des pages qui lui sont consacrées sont visibles ici :<br /> http://sonderkommando.info/skauschwitz/temoignages/art/olere/<br /> Elles montrent et commentent surtout les dessins de l'artiste, c'est à dire l'aspect le plus documentaire de son œuvre.<br /> Cordialement.
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