FICHE III-23. L'U.S.H.M.M. de Washington, une mémoire américaine de la Shoah

Publié le 30 Juillet 2009

L'U.S.H.M.M. de Washington, une mémoire  américaine de la Shoah

 

 

Le United State Holocaust Memorial Museum de Washington (USHMM) a été inauguré en avril 1993 par le Président Clinton. L'identité de son premier visiteur étranger, le Dalaï Lama, honoré pour « son combat inlassable pour les droits de l'Homme », définit d'emblée sa double perspective, à la fois centrée sur la Shoah et ouvert sur l'universalité. Elevé sur le Mail, une avenue symbolique de Washington le long de laquelle se dressent les principaux musées consacrés à la grandeur de l'Amérique, il s'inscrit aussi dans l'exaltation des ideaux humanistes américains...

 

Le choix de l'architecte n'a pas été anodin, puisque James Ingo Freed a dû fuir, enfant, l'Allemagne nazie à la fin des années trente. Celui-ci a pris le parti de « refléter par des signes matériels les paysages des ghettos et des camps », tout en laissant chacun libre de ses interprétations en fonction de son vécu personnel.: les deux files d'attente pour pénétrer à l'intérieur de l'édifice évoque par exemple la sélection à l'arrivée au camp d'extermination, le claquement sec de la porte des ascenseurs rappelle celui des cellules, la lumière oblique qui baigne certaines zones rappelle celle des projecteurs qui balayaient le sol, quatre tours alignées renvoient aux miradors et les ouvertures triangulaires de la salle du souvenir aux insignes distinctifs que devaient arborer les déportés.

 

C'est une approche victimaire de la Shoah qui prévaut, ne serait-ce que par le fait que chaque visiteur reçoit une « carte d'identité » portant la photo d'identité et la biographie d'une victime de la Shoah, assassinée ou rescapée. Mais les questions dérangeantes ne sont pas esquivées, et chacun peut s'interroger sur la politique américaine d'indifférence à l'égard des réfugiés venus d'Europe centrale et orientale, ou encore sur le refus d'intervenir directement d'un Président Roosevelt pourtant informé des atrocités commises par les nazis à l'encontre des communautés juives.

 

Le Musée-Mémorial entend toucher des personnes très diverses. Le public « de masse » issu de l'Amérique profonde prend conscience d'une abomination que les négationnistes populistes et racistes rejettent ouvertement. Les visiteurs désireux d'aller plus loin ont accès à de la documentation audio-visuelle. Les enfants sont sensibilisés à la Shoah à travers l'itinéraire tragique d'une famille ordinaire, celle de de Daniel, de sa soeur Erika et de leurs parents, des Juifs allemands de Francfort déportés au ghetto de Lodzs afin leur transfert à Birkenau dont ne reviendront que le jeune garçon et son père. Les spécialistes ont accès à un Institut de recherche dont les collections d'archives ne cessent de s'enrichir. Enfin, les internautes peuvent découvrir un site d'une densité exceptionnelle – en particulier une Encyclopédie de la Shoah.

 

 

 

(d'après Anne Grynberg, Du mémorial au musée. Comment représenter la Shoah ?)

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Pascal Sabourin

Publié dans #Série III - Dire l'Indicible

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