FICHE III-18. Le Procès de Nuremberg

Publié le 30 Juillet 2009

Le Procès de Nuremberg

 

 

Le 8 août 1945, les gouvernements des Etats-Unis, du Royaume-Uni, d'URSS et le Gouvernement Provisoire de la République Française signaient les accords de Londres qui créaient un Tribunal militaire international chargé de juger les actes commis par les dirigeants du III° Reich. Plusieurs chefs d'accusation furent retenus: complot, crime contre la paix, crime de guerre, auxquels s'ajouta plus tard celui de crime contre l'humanité. Le procès eut lieu à Nuremberg, lieu chargé de symbole puisque s'y déroulèrent les grands rassemblements du NSDAP et qu'y furent proclamées en 1935 les principales lois antisémites.

22 hauts responsables nazis furent traduits devant le tribunal, parmi lesquels des collaborateurs directs de Hitler (Goering, Hess, Ribbentrop), des chefs militaires (Jodl, Keitel, Doenitz, Raeder), des dirigeants SS (Kaltenbrunner), des ministres (Speer, Schacht), des gouverneurs (Frank), des théoriciens de l'antisémitisme (Rosenberg, Streicher). En plus des personnes physiques, les Alliés mirent aussi en accusation les organes de direction du Parti nazi, la SS, la SA, les différentes branches du RSHA (Office Central de la Sécurité du Reich) dont le SD et la Gestapo, ainsi que l'Etat-Major et le Haut Commandement des Forces Armées allemandes.

Le tribunal se composait de magistrats représentants les quatre puissances alliées; la charge de préparer les actes d'accusation revint à Robert Jackson, ancien procureur général des Etats-Unis . La séance inaugurale eut lieu à Berlin le 14 octobre 1945; le procès commença réellement à Nuremberg le 20 novembre suivant et s'acheva le 1er octobre 1946

 

Le procès de Nuremberg marqua un tournant décisif dans l'histoire du droit international. Pour la première fois était formulée la notion de « crime contre l'humanité », clairement distinguée de celle de « crimes de guerre » - l'assassinat des prisonniers soviétiques relève de la seconde catégorie, l'extermination des Juifs et des Tziganes de la première, par exemple; mais cette distinction juridique ne permit pas encore d'individualiser les camps d'extermination au sein du système concentrationnaire nazi.

De plus, pour la première fois dans l'histoire judiciaire, un tribunal eut recours à des sources audiovisuelles; le 29 novembre 1945 fut ainsi projeté le documentaire du réalisateur américain George Stevens, Les Camps de concentration, composé notamment de séquences tournées lors de la libération des camps d »Ohrdruf, de Mauthausen, de Buchenwald, de Dachau et de Bergen Belsen.

 

12 condamnations à mort furent prononcées et exécutées. D'autres procès suivirent celui de Nuremberg, mais dans le contexte de la Guerre Froide les peines devinrent de moins en moins lourdes. Parmi ceux-ci, celui dit « des médecins de Nuremberg » (15 novembre 1946 – 21 août 1947) occupe une place particulière; mettant en accusation les expérimentations pseudo-médicales perpétrées dans les camps nazis, il permit d'élaborer un nouveau code éthique de la médecine connu depuis sous le nom de « Code de Nuremberg »

 

L'héritage juridique et moral du Procès de Nuremberg occupe aujourd'hui encore une place essentiel dans le droit international. Les notions de « crimes contre l'humanité » et de « génocide » furent reprises par l'ONU en 1948 et réactualisées 50 ans plus tard par la Cour Pénale Internationale; la résolution 2391 votée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 26 novembre 1968 leur confère un caractère imprescriptible.

 

 

Rédigé par Pascal Sabourin

Publié dans #Série III - Dire l'Indicible

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F
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