FICHE II – 25. Le Chambon sur Lignon, sanctuaire des Juifs pourchassés.

Publié le 29 Juillet 2009

Le Chambon sur Lignon, sanctuaire

des Juifs pourchassés.

 

 

 

Le village du Chambon sur Lignon se situe à plus de 1000 mètres d'altitude au coeur des hauts plateaux du Vivarais, une région fortement marquée par l'histoire. Convertis à la Réforme dès 1560, ses habitants durent affronter les persécutions royales au XVIII° siècle et développèrent à travers ces terribles épreuves de profonds sentiments de solidarité, qui marquèrent profondément leurs descendants; au moment de la Révolution, des prêtres réfractaires trouvèrent refuge auprès de familles protestantes Dans les années 1930, l'association caritative des « Enfants à la Montagne » accueillait chaque année de petits citadins issus des familles ouvrières de Saint-Etienne. Les communautés villageoises du Vivarais hébergeaient à la veille de la Seconde guerre mondiale des réfugiés venus d'Espagne ou chassés du Reich par les persécutions antisémites. La longue tradition d'entraide et d'accueil restait donc très vivace dans la Montagne.

 

Dès l'automne 1940, alors que le gouvernement de Vichy promulguait le premier Statut des Juifs, les pasteurs appelaient à la résistance spirituelle. Leurs fidèles avaient déjà été sensibilisés à l'antisémitisme contemporain à travers la presse protestante qui publiait depuis 1933 de nombreux articles sur la question.

 

Les premières rafles de masse perpétrées à partir de l'été 1942 poussèrent les habitants à se mobiliser pour sauver les Juifs pourchassés; les communautés catholiques , ici minoritaires, se joignirent aux Protestants. Des responsables divers, pasteurs (Daniel Trocmé), maires (Charles Guillon,...), enseignants, médecins, organisèrent le sauvetage de jeunes d'enfants extraits des camps d'internement de la zone Sud ou convoyés clandestinement de la zone occupée.- Charles Guillon, maire du Chambon sur Lignon, remercia publiquement ses concitoyens de « s'être préparés à recevoir dans (leurs) maisons des centaines d'enfants que l'on voudrait nous confier pour les mettre à l'abri » . Des associations caritatives internationales, telles que le Secours Suisse, les Quakers et l'YMCA américains, participèrent activement à cette « conspiration de la bonté », en liaison avec l'O.S.E. Israélite ou la CIMADE protestante et facilitée par la passivité bienveillante des autorités préfectorales de la Haute Loire.

 

Les enfants trouvaient refuge dans les fermes, dans des maisons d'accueil associatives; ils fréquentaient sans problème les écoles . Les plus exposés pouvaient bénéficier de faux papiers délivrés dans les mairies qui leur permettaient de passer en Suisse. Ils recevaient surtout spontanément le minimum d'affection et de chaleur humaine: « Il est en définitive apparu comme une normalité pour les habitants de tous bords de la région, fermiers, artisans, éducateurs … d'ouvrir leurs portes aux Juifs errants et de transformer chaque ferme en refuge, chaque cuisine en asile ».

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Pascal Sabourin

Publié dans #Série II - La France et la Shoah

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